Carpe Diem

Nos carnets de route sur les chemins de Compostelle

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Lundi 4 juillet 2005

Ephémérides :
Condom - Escoubet
Lever 5h00
Coucher après 30 Km
Saint JPP,
martyr du poteau
Cinq heure ! Le rituel est bien rodé. Jean-Mi fait le tour des lits en disant un petit mot gentil à chacun, y compris à Domi qui y reste indifférent, sûrement du fait de ses boules Quies. Ce matin, Marie-Line et Gisèle nous quittent. La première a fini le temps qu’elle avait prévu et doit retourner à ses patients impatients de la retrouver. La seconde profite de sa voiture pour rejoindre Poitiers où elle reprendra le train qui la ramènera chez elle. Mais les survivants de cette odyssée ne pouvaient pas partir sans un « au revoir ». Tout le monde est réuni autour du lit de Gisèle pour une bise collective. Même cérémonial autour du lit de Marie-Line. Les deux bénéficiaires, sans doute éveillées par tant de sollicitude, saluent ensuite longuement la troupe qui s’éloigne, depuis la fenêtre du 2ème étage.

C’est reparti ! Cette fois pour la plus longue étape (tout au moins pour la plupart des membres du groupe car Marie-No et Domi continuent ensuite avec des étapes plus longues encore) : un peu plus de 30 Km. La fraîcheur est agréable. Même la pluie fine est douce sur le visage après ces journées torrides. Nous nous arrêtons dans le magnifique village de Larressingle à l’abri des remparts. Une prière dans la petite chapelle dédiée à Sigismondes, roi des Burgondes de 513 à 516, et nous repartons.

Nous faisons une nouvelle halte après un long trajet qui nous amène à… Montréal… en Gers. Attablés au bar comme il se doit, nous faisons la connaissance de Patrice, Jardinier en arrêt maladie jusqu’en septembre, qui arrive directement de Vezelay et rejoint Ronceveau à raison d’une quarantaine de kilomètres par jour.

Un peu plus loin sur le chemin, nous retrouvons un ami allemand qui était au gîte de Condom avec nous la veille. Janine lui demande s'il a bien dormi dans sa langue natale et paraît très heureuse de sa réponse - « Ja » - qui est sans doute un signe qu’il a compris sa question… Marie-No a ensuite droit à un cours particulier de conversation allemande à grandes enjambées (1m20 au Garrot). Domi la sauve quelques instants plus tard en lui proposant de s’arrêter pour retirer son pull. Notre allemand a continué alors dans sa (longue) foulée et à disparu en quelques secondes à l’horizon.

Plus tard, Jean-Pierre s’arrête pour un besoin naturel mais néanmoins individuel. Une fois allégé, dans un élan viril, il veut alors bondir pour rejoindre le groupe. Mais il s’écrase sur le sol sans même un seul spectateur pour apprécier son saut de l’ange. Tel Roland à Ronceveau, abandonné de tous, il veut sonner de son cor. Se rendant compte qu’il n’en a pas, il appelle Janine au devant, qui ne l’entend pas. Clopin Clopant, la jambe bandée, il rejoint le groupe, serrant les dents pour ne pas montrer sa douleur. Il continue ainsi les derniers kilomètres jusqu’au déjeuner. Seul le manque de plaisanteries peut laisser deviner qu’il n’est pas dans son état normal.

Au passage, Marie-No ayant décidé de battre le record de l’étape la plus longue, décide d’oublier sa cape de pluie à l’occasion d’une halte. Cela lui permet de faire un kilomètre de plus aller-retour pour aller la chercher… et dans son élan de dépasser tout le groupe lorsqu’elle le rattrape. Kilomètre 22, le groupe s’arrête pour déjeuner, sans même avoir la force de gravir la côte qui se dresse devant lui.

Guide gastronomique du Pèlerin

Déjeuner sur l’herbe en bas de la côte

Lieu agréable, pâté valant le détour ,
mais odeur de souffre depuis les canalisations d’arrosage du champ voisin…

Les derniers kilomètres ont été longs pour certains, très longs pour d’autres… Jean-Pierre n'a pu nous suivre que grâce à la voie de chemin de fer désaffectée que nous suivons et à son conditionnement de cheminot cheminant tel une locomotive poussive. Les survivants ont pu arriver jusqu’au cimetière de Lamothe pour prendre de l’eau et faire un dernier arrêt avant le paradis : notre gîte à Escoubet. Il nous reste encore 4 Km suivant les panneaux et 3 Km suivant Domi, pendant lesquels nous ne voyons strictement aucun poulet traverser la route, malgré l’histoire que nous a racontée Jean-Pierre la veille. Nos arrivons au « domaine du possible » (si, si, il s’agit bien du nom), magnifique petit gîte s’étendant sur de nombreux hectares au milieu de Yourtes mongols. Accueillis par une hollandaise fabricante de papier, nous sentons bien qu’ici tout est possible.

Après une sieste bien méritée, le petit groupe se reconstitue petit à petit autour de Jean-Pierre, affalé dans un fauteuil, agonisant, avec entre les mains un journal local. Nous sommes ensuite aller dîner.

Petit dialogue du soir sur Yves, le cuisinier en tenue qui vient nous servir :
- Janine : « Il est gentil le petit cuisinier »
- Jacqueline : « oui, et en plus il est habillé ! »

Pendant le dîner, Jean-Pierre nous raconte le drame de sa journée. Contrairement à ce que nous pensions, ce n’est pas sa jambe blessée, mais ce que lui a raconté Jean-Mi sur le logo TGV. Il prend alors sa superbe montre TGV et la passe à chacun en lui demandant ce qu’il voit en la mettant à l’envers. Les réponses ont été variées, de l’alpha et l’oméga jusqu’à la femme à la parturiente. Mais une fois révélé que logo TGV a l’envers ressemble… à un escargot, plus personne ne peut le voir autrement au grand désespoir de notre cheminot.
Le temps tant attendu est venu du dodo réparateur.

Ecrit par Cornu le Mercredi 21 Septembre 2005, 17:45 dans "2005" Version imprimable

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