Carpe Diem

Nos carnets de route sur les chemins de Compostelle

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Mercredi 6 juillet 2005

Ephémérides :
Nogaro - Aire sur l'Adour
Lever : 5h00
Coucher : après 26,5 Km
Sainte Reinette,
la fête à la grenouille
Après le petit déjeuner, nous partons… sous la pluie. Quelques minutes plus tard, nous pouvons retirer nos capes car le soleil est revenu. Après nous être perdu à 50 m du gîte, nous avons cherché désespérément un signe de Saint Jacques. Devant son mutisme, Domi notre chef éclairé et inspiré dit « on va à droite ». Quelques centaines de mètres plus loin, nous retrouvons effectivement les signes salvateurs. Tout le monde a bénit la perspicacité de Domi et le ciel en a profité pour nous arroser de nouveau.

Quelques litres de pluie plus loin, traversant un bois et un nuage de taons, nous arrivons à une charmante cabane baptisée : « l’abri du pèlerin ». Nous pouvons prendre un bon café chaud sorti du Thermos, au sec, tout en lisant le livre d’or. Très « golden girl », Marie-No appelle Namur depuis le fin fond de la forêt pendant que Jean-Mi lit ses mails sur son propre téléphone. Avant de partir, nous sommes rejoints par un pèlerin allemand qui était avec nous la veille dans le gîte. Il rumine une colère froide après avoir passé une heure et demi à la sortie du gîte de Nogaro pour retrouver les signes du chemin… Nous avons préféré affronter les taons plutôt que sa colère et nous sommes repartis.

Quelques brasses plus loin, le préau d’une école nous ouvre ses bras et sa terre sèche pour un casse-croûte : pâté, magrets séchés, fromage… Par mimétisme avec Marie-No, certains membres du groupe que nous ne nommerons pas se mettent à appeler frénétiquement avec leur téléphone mobile, juste à coté d’une pancarte indiquant : « cabine téléphonique ». Une fois les forfaits épuisés, nous repartons. En route, Domi entonne « Saint le préaux, Saint le préaux ! ».

Sainte Reinette, patronne de la douche en plein air, nous accompagne toute la journée. Il s’agit d’une sainte facétieuse qui s’arrête juste le temps de retirer les pèlerines des pèlerins pour recommencer de plus belle dès qu’ils sont à découvert. Après ce Yo-Yo de la cape, nous cherchons désespérément où nous arrêter pour manger. Le chemin a alors la bonne idée de longer un champ de maïs.
« …Dans une boue glissante » Jacqueline
« Moi, mes chaussures faisaient floc floc » Christiane
« J’avais envie de chanter - la gadoue, la gadoue » Marie-No
« Nous marchions dans du Nok » Jacqueline
« Je ne sais plus ce que j’ai dit… » Janine

Vers treize heure, nous trouvons une étable sans bœuf ni âne. Nous pouvons enfin ripailler avec les courses pantagruéliques achetées la veille. Nous jetterons un voile pudique sur cette scène de la vie quotidienne du pèlerin que nous osons vous décrire. Pour en savoir plus voyez les photos. Vous y verrez Christiane, assise sur la table, Jacqueline sur sa marmite, Janine sur un pneu de tracteur, Domi s’empiffrant de rôti de porc, etc. Le « trop peu1 » ayant disparu, l’enquête commence aussi tôt. Après une investigation digne d’Agatha Christie, nous entendons un cri déchirant le voile de pluie. « Vous n’allez pas me croire, il est avec les salades » dit Christiane fébrile. Nous terminons donc le « trop peu » peu de temps après nos pêches, bananes, brugnons…

C’est le moment que choisi le téléphone de Marie-No (encore lui) pour sonner. C’est Jean-Pierre qui, un trémolo dans la voix, nous annonce qu’il va très molo : malgré la Sainte Reinette, les « froggies » n’ont pas été choisis pour les Jeux Olympiques de 2012. Le monde s’effondre et nous en profitons pour prendre un bon café chaud. Il ne nous reste plus que quelques kilomètres, toujours trop long, pour terminer notre périple nautique.

Après le bout du bout du chemin, nous arrivons enfin sains et saufs mais trempés au centre de loisir de l'Aire sur l'Adour où nous attend une affichette « installez-vous, c’est la première porte à gauche sous le prunus et le séchoir. » Une demi-heure plus tard, Jacqueline trouve la porte en question et l’ouvre. Le groupe se précipite et certains se jettent sous la douche… froide. A quinze heure, après un cri glacé dans la nuit, Marie-No se rend compte qu’il suffit d’attendre suffisamment longtemps pour avoir de l’eau chaude. Chacun se précipite alors pour profiter d’une douche… comme s’il n’avait pas passé la journée à en prendre une !

Après la douche, activités libres : Janine apprend à nager à une araignée, Jean-Mi fait voir de près un topo-guide à trois autres et chacun s’installe religieusement autour des lits où gisent Marie-No et Domi pour aider à rédiger toutes ces bêtises.

Nous allons ensuite dîner dans la cantine du centre de loisirs où mangent d’habitudes les élèves de l’école du cirque. Un bon repas bien conséquent et deux côtes du Rhône plus loin (les expériences scientifiques sont terminées…), nous partons nous masser et nous coucher, non sans avoir fait avant, un dernier adieu déchirant à Marie-No et Domi qui continuent le périple. Pour Jacqueline, Christiane, Janine et Jean-Michel va commencer une étape d’un an avant de reprendre la route…

Note [1] Le "trop peu" veut dire "Fromage" en langage pèlerin

Ecrit par Cornu le Mercredi 21 Septembre 2005, 17:58 dans "2005" Version imprimable

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